Inscrivez- vous au sommaire électronique
Recevez à chaque sortie d'exercer, le sommaire de la revue.
Rubrique: EDITORIAL
Auteurs: Gocko X.
Citer cet article: Gocko X. Un enjeu de santé publique "kaléidoscopique". exercer 2025;210:51.
Lien URL: https://www.exercer.fr/full_article/2760
« Dans une rue, au coeur d’une ville de rêve.
Ce sera comme quand on a déjà vécu :
Un instant à la fois très vague et très aigu...
Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !... »
Paul Verlaine. Kaléidoscope. 1818.
La plupart des chercheurs, y compris en médecine générale, affichent une « thématique » et la considèrent comme un « enjeu de santé publique ». La rédaction d’exercer reçoit d’ailleurs de nombreux textes dont le contexte débute par cette ritournelle. Tout se passe comme si les chercheurs avaient une vision kaléidoscopique qui multiplie les « observations de belles images » : étymologie du mot kaléidoscope. Cette multiplication des images a un risque prismatique où la déformation conduit à un focus sur « sa thématique » avec une négligence inconsciente de tout le reste. Les pouvoirs publics ont aussi leur vision kaléidoscopique. Par exemple l’éphémère gouvernement Barnier avait défini l’enjeu pour 2025 : la santé mentale1.
La santé publique repose sur de nombreux concepts que la rédaction d’exercer vous expose régulièrement comme la responsabilité populationnelle2 ou le value based health care : le soin de santé fondé sur la valeur3. Grâce à Franck Chauvin, je vous en propose un nouveau : la clinical population medicine4. La médecine clinique des populations peut être définie comme l’application consciencieuse, explicite et judicieuse des approches de la santé des populations pour soigner les patients à titre individuel et concevoir les systèmes de soins de santé4. Ce concept s’éloigne du kaléidoscope… comme le concept de santé s’éloigne des focus des différents chercheurs.
Dans ce numéro 210 d’exercer, vous allez découvrir un article sur les bénéfices de l’activité physique adaptée chez les patients souffrant de dépression, d’anxiété, de troubles du comportement alimentaire, et de schizophrénie5. Ces chercheurs ont-ils une vision kaléidoscopique ou une vision de la clinical population medicine ? Je ne peux pas répondre sur leur vision. En revanche, je peux vous dire que si une mairie décide de démonter une ancienne école avec de l’amiante et d’en faire un parc, si parallèlement des associations organisent des activités physiques adaptées dans ce parc, et si nous, médecins généralistes, nous en prescrivons, nous entrons dans le concept de clinical population medicine et la santé mentale de la population va très probablement s’améliorer « au coeur de cette ville de rêve ».
Clinical Population Medicine est donc un « enjeu de santé publique » à moins que ce ne soit ma vision kaléidoscopique…
"In a street, in the heart of a dream city.
It will be like when we have already lived:
A moment both very vague and very sharp...
O this sun among the rising mist!..."
Paul Verlaine. Kaleidoscope. 1818.
Most researchers, including those in general practice, have a ‘theme’ and consider it to be a ‘public health issue’. In fact, the editorial team at Exercise receives many texts whose context begins with this ritornello. It's as if researchers had a kaleidoscopic vision that multiplies ‘observations of beautiful images’: etymology of the word kaleidoscope. This multiplication of images has a prismatic risk where distortion leads to a focus on ‘its theme’ with an unconscious neglect of everything else. Public authorities also have their own kaleidoscopic vision. For example, the short-lived Barnier government defined the challenge for 2025 as mental health1.
Public health is based on a number of concepts that the editors of Exercise regularly explain to you, such as population responsibility2 and value-based health care3. Thanks to Franck Chauvin, I can now introduce you to a new concept: clinical population medicine4. Clinical population medicine can be defined as the conscientious, explicit and judicious application of population health approaches to the care of individual patients and the design of healthcare systems4. This concept is moving away from the kaleidoscope... just as the concept of health is moving away from the focus of different researchers.
In this issue of Exercise 210, you will discover an article on the benefits of adapted physical activity for patients suffering from depression, anxiety, eating disorders and schizophrenia5. Do these researchers have a kaleidoscopic vision or a vision of clinical population medicine? I can't comment on their vision. On the other hand, I can tell you that if a town council decides to dismantle an old school with asbestos and turn it into a park, if at the same time associations organise adapted physical activities in this park, and if we GPs prescribe them, we are entering into the concept of clinical population medicine and the mental health of the population will very probably improve ‘ in the heart of this dream city ’.
Clinical Population Medicine is therefore a ‘public health issue’, unless that's my kaleidoscopic vision...