Introduction. En France, la majorité des personnes très âgées vivent à domicile, chez elles ou chez un membre de leur entourage. Leurs institutionnalisations découlent majoritairement du manque d’anticipation des difficultés à venir, ils sont une minorité à participer à leur entrée en institution. Pourtant, l’absence de participation de la personne concernée nuit à son adaptation dans l’établissement et peut avoir des conséquences néfastes en matière de santé physique et psychique. Comment respecter l’autonomie du patient, sa capacité à donner son consentement, tout en l’accompagnant dans une réflexion sur son propre avenir ?
Objectifs. Explorer le ressenti d’une personne âgée dans un contexte de maintien à domicile complexe pour mieux en comprendre les enjeux et les problématiques
Méthode. Une étude qualitative par monographie a été menée par des entretiens individuels non dirigés et répétés auprès d’une personne âgée de 91 ans vivant seule au domicile ainsi que de ses aidants formels et informels. Une analyse thématique selon une approche inductive et une
proposition de théorisation a été effectuée.
Ré sultats. Le domicile représentait pour la personne âgée un lieu identitaire, social et familial : des racines donnant envie d’y rester le plus longtemps possible. Le vieillissement et la dépendance entraînaient des changements dans les liens intrafamiliaux qui menacent la liberté de la personne âgée. La perte de liberté imposée par des tiers était vécue comme de la maltraitance. La dissonance cognitive entre un certain déni de la réduction de ses capacités et les adaptations de son domicile lui permettait de préserver son libre choix.
Discussion. Les conséquences du vieillissement et de la dépendance sur les relations familiales et sociales imposaient un questionnement éthique constant pour réévaluer régulièrement la situation et s’adapter si nécessaire. Le médecin généraliste était le premier recours pour accompagner et aider le patient et sa famille.

Introduction. In France, most of the very elderly live at home, either in their own home or with a relative. Their institutionalization is largely due to insufficient anticipation of future difficulties: very few take part in their entry into a retirement home. However, not involving the individual in the process is damaging to their transition, with potentially physical and mental health consequences. How can we respect patients’ autonomy and ability to give consent, while helping them to consider their own future?
Aims. To explore an elderly person’s perceptions in a complex homecare context, in order to better understand the issues and problems
Method. A qualitative monograph study was conducted through repeated face-to-face in-depth interviews with a 91-year-old woman living alone at home and her formal and informal carers. The inductive thematic analysis, followed by a theorization.
Results. For the elderly person, home represented a place of identity, social life and family: roots that motivated them to stay there the longest possible time. Ageing and dependency trigger dramatic changes in intra-family relationships that threaten the elderly person’s freedom. The resulting loss of freedom imposed by other persons is experienced as mistreatment. Thanks to the cognitive dissonance between a certain denial of the reduction in their abilities and the adaptations made to their home, they manage to maintain their free choice.
Conclusion. Ageing and dependency have an impact on family and social relationships, which requires constant ethical questioning in order to regularly reassess the situation and adapt if necessary. Primary care physicians are the first line of support for patients and their families.