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Rubrique: RECHERCHE
Auteurs: Michel F, Plotton C.
Citer cet article: Michel F, Plotton C. Éviter et gérer l’oubli de contraception orale. exercer 2024;202:148-55.
Lien URL: https://www.exercer.fr/full_article/2504
Introduction. En 2019, l’oubli de contraception orale concernait 74,8 % des femmes en France. Le risque d’oubli majore le fardeau de la contraception orale. L’échange d’informations, autour de données scientifiques divergentes, n’est pas satisfaisant.
Objectif. Identifier les méthodes utilisées par les femmes pour éviter l’oubli de contraception orale et les stratégies de gestion de l’oubli.
Méthode. Étude qualitative selon une approche de théorisation ancrée. Entretiens individuels entre septembre 2019 et juillet 2021 jusqu’à suffisance des données.
Résultats. Pour éviter l’oubli, les méthodes identifiées inscrivaient la prise de contraception dans le quotidien. En cas d’oubli, les stratégies mises en place pouvaient être vécues en toute sérénité ou être source de panique. Un sentiment de responsabilité pouvait participer au tabou. La recherche d’informations pouvait rompre le tabou, effectuée auprès de professionnels de santé, préférés à Internet. L’oubli semblait mériter d’être davantage abordé par les professionnels de santé, voire la société.
Discussion. La prise et l’oubli de contraception, en s’inscrivant dans le quotidien, et le sentiment de responsabilité contribuent au fardeau. Les contraintes liées au sentiment de responsabilité, ou travail contraceptif, s’accompagnent d’une charge mentale. La responsabilité féminine est expliquée par une logique de santé publique et de genre. Le travail contraceptif intègre également l’efficacité contraceptive avec la responsabilité d’un échec et les sanctions associées. Le travail contraceptif naturalisé au cours du temps pour devenir invisible peut participer au tabou.
Conclusion. L’oubli pourrait être abordé en consultation de soins premiers sur le modèle d’une information brève pour limiter le tabou. Un processus de décision partagée avec un professionnel impliqué, s’appuyant sur des supports écrits, pourrait améliorer l’information des femmes, avec une responsabilité partagée réduisant le fardeau.
Un accompagnement éducatif lors de consultations dédiées pourrait également réduire le fardeau, en intégrant davantage les hommes.
Introduction. In 2019, missed oral contraceptives affected 74.8% of women in France. The risk of missing a pill increases the burden of oral contraceptives. The exchange of information, based on divergent scientific data, is unsatisfactory.
Aim. To identify women’s methods to avoid missing oral contraceptives and their strategies for managing it.
Method. Qualitative study using a grounded theory approach. Individual interviews between September 2019 and July 2021 until data sufficiency.
Results. To avoid forgetting, the methods identified integrated contraceptive use into daily life. In cases of forgetting, the strategies implemented could be lived with serenity or be a source of stress. Responsibility feelings could contribute to the taboo. The taboo could be broken by seeking information from healthcare professionals, rather than Internet. Forgetting appeared to require more attention from healthcare professionals, and even from society.
Discussion. Taking and forgetting contraception, by being part of daily life, and responsibility feelings contribute to the burden. The pressure linked to responsibility feelings or contraceptive work is accompanied by a mental burden. Female responsibility is explained by a public health and gender perspective. Contraceptive work also integrates contraceptive efficacy with failure responsibility and associated consequences. Contraceptive work naturalized over time to become invisible can contribute to taboo.
Conclusion. Forgetting could be discussed in the primary care consultation on the model of brief information to reduce taboo. A shared decision-making process with an involved professional, supported by written documents, could improve information for women, with shared responsibility reducing the burden. Educational counselling during
dedicated consultations could also reduce the burden, with greater involvement of men.