Introduction. La médecine défensive peut se définir comme la modification de la pratique en réponse à une pression médico-légale.
Objectif. Étudier l’impact ressenti de la médecine défensive sur la pratique des médecins généralistes français.
Matériel et méthode. Étude quantitative descriptive transversale réalisée entre janvier et mars 2020 par deux investigateurs auprès de 185 médecins généralistes tirés au sort sur la liste des médecins installés dans le département de la Gironde. Cette étude fait suite à une première
étude en focus group ayant permis l’élaboration d’un questionnaire de 20 items diffusé par téléphone et anonymisé secondairement.
Résultats. Le taux de réponse était de 74,5 %, soit 132 répondants. 34,8 % des répondants déclaraient un antécédent judiciaire lié à leur activité professionnelle. Presque tous les participants (98,5 %) déclaraient modifier au moins un aspect de leur pratique lorsque sous pression, 80,3 % modifiaient leur prise de notes, 60,6 % prescrivaient plus d’examens d’imagerie, 57,8 % de biologie, 34,9 % changeaient leurs  prescriptions médicamenteuses. Les principaux comportements d’évitement consistaient à adresser le patient plus facilement à un confrère spécialiste ou aux urgences (respectivement 73,5 et 27,3 % des répondants) et pour 54,4 % d’entre eux à renoncer à la pratique d’actes techniques jugés à risque. Le ressenti auto-évalué par les médecins de l’impact de la médecine défensive dans leur pratique était en moyenne de 4,58 sur 10. Un antécédent de plainte n’était pas significativement associé à une modification des comportements défensifs. Des comportements protecteurs étaient spontanément mis en oeuvre pour lutter contre la pression ressentie : 74,2 % débriefaient avec un confrère la consultation difficile, 72,7 % donnaient plus d’explications au patient.
Conclusion. Le concept de médecine défensive intéresse les médecins généralistes. Tous semblaient touchés dans leur pratique mais à des
degrés divers. Un travail sur la relation médecin-malade pourrait éviter le développement de ces comportements.

Introduction. Defensive medicine can be defined as the modification of practice in response to fear of litigation.
Aim. Study the felt impact of defensive medicine on the practice of French general practitioners.
Design. Cross-sectional descriptive quantitative study carried out between January and March 2020 by two investigators with 185 general practitioners (GPs) randomly drawn from listed GPs of Gironde. This study follows a first focus group study that enabled the development of a 20-item survey distributed by telephone and secondarily anonymized 
Results. A total of 132 GPs completed the survey (74.5% response rate). 34.8 % of respondents declared a previous malpratice liability. When
under forensic pressure, nearly all of respondents (98.5%) said they had changed at least one aspect of their practice: 80.3% changed their note-taking, 60.6% ordered more imaging exams, 57.8 % more biology, 34.9% changed their drug prescriptions. The main avoidance behaviors
consisted in referring the patient more easily to a specialist colleague or to the emergency department (73.5% and 27.3% of respondents respectively) and for 54.4% of them to give up the practice of technical acts deemed to be at risk. Physicians’ self-rated feelings regarding the impact of defensive medicine in their practice averaged 4.58 out of 10. A history of litigation was not significantly associated with a change in defensive behavior. Protective behaviors were spontaneously implemented to fight against the pressure: 74.2% debriefed the difficult consultation with a colleague, 72.7 % gave more explanations to the patient.
Conclusion. The concept of defensive medicine is of interest to general practitioners. All of them seemed to be affected in their practice, but to
varying degrees. Work on the patient/doctor relationship could prevent the development of these behaviors.