Contexte. Les migrants en situation irrégulière ont un état de santé dégradé par rapport à la population générale. Malgré le dispositif d’aide médicale de l’État (AME) permettant le remboursement de leurs soins de santé, ils font face à de multiples barrières à l’accès aux soins.
Objectif. Explorer les représentations et expériences des soins premiers des migrants bénéficiaires de l’AME.
Méthode. Une étude qualitative a été menée auprès de migrants bénéficiaires de l’AME, recrutés par échantillonnage raisonné via leurs médecins généralistes et lors de consultations de Protection maternelle et infantile, entre décembre 2016 et avril 2017. Des entretiens semi-dirigés ont exploré les représentations des soins et attentes des bénéficiaires de l’AME vis-à-vis de leur médecin généraliste (MG). Ils ont fait l’objet d’une analyse de contenu inductive.
Résultats. Au total, 14 patients ont été interviewés. L’irrégularité de séjour, associée à la vulnérabilité sociale et sanitaire de ces patients, façonnaient leurs représentations sur les soins de santé. Le recours aux soins premiers dépendait de la qualité du tissu social spécifique (associations, liens communautaires, travailleurs sociaux) sur lequel s’appuyaient ces patients. Les patients attendaient du MG des compétences principalement relationnelles et une prise en charge adaptée à leur contexte social. Bien que théoriquement non concernés par le parcours médecin traitant, ils identifiaient souvent ou souhaitaient pouvoir identifier leur MG comme « médecin traitant ».
Conclusion. Le tissu social spécifique des migrants bénéficiaires de l’AME est déterminant dans leur recours aux soins premiers. L’approche centrée sur le patient, intégrant la prise en compte de leur condition sociale, et favorisant une relation médecin-patient de qualité, est un positionnement particulièrement nécessaire pour améliorer l’expérience des soins de ces patients.

Context. Illegal migrants suffer from lower health condition compared to the general population. Despite social insurance has been developed in France to give them a theoretical access to health care (“aide médicale de l’État”, AME), they still face barriers for accessing health care.
Aim. To explore the representations and experiences of primary care of migrants receiving AME.
Method. A qualitative study was carried out among migrants benefiting from the AME, recruited by reasoned sampling through their general practitioners and during maternal and child protection consultations, between December 2016 and April 2017. Semi-structured interviews explored the representations of care and expectations of AME beneficiaries towards their general practitioner (GP). An inductive content analysis of these interviews was performed.
Results. A total of 14 patients were interviewed. The irregularity of residence, combined with their social and health vulnerability, shaped their representations of health care. Recourse to primary care was determined by the quality of the specific social network (associations, community links, social workers) supporting these patients. Patients expected the GP to have skills mostly in relational aspects and to provide care adapted to their social context. Although theoretically not concerned by the personal physician path, they often identified or wished to be able to identify their GP as “personal physician”.
Conclusion. The specific social network of migrants benefiting from the AME is decisive in their recourse to primary care. The patient-centred approach, integrating consideration of their social condition, and promoting a high-quality physician-patient relationship, is a particularly necessary positioning to improve the care experience for these patients.